La genèse de Moé
Moé est une bande dessinée réalisée entre fin 2005 et début 2006. Elle comporte 30 pages.
Répondant à une petite annonce d’un tout nouveau fanzine qui recherchait des illustrations et des BD à éditer lors du salon GAME in Paris en septembre 2005, je me mis à réfléchir à un récit. Je leur proposais une BD de science-fiction. Celle-ci paraîtrait dans leur publication et par la suite, en deux morceaux dans Crucify.
Quelques mois auparavant, j’avais lu une volumineuse anthologie, l’homme fabriqué, compilant plusieurs écrits, dont l’Ève future de Villiers de L’Isle-Adam. Ce roman est particulièrement fascinant, et comme j’avais retrouvé d’anciens scénarii datant de 1999 mettant en scène une cyborg sportive, je décidai de recycler cette idée et de l’enrichir. Je transformais l’héroïne en androïde, j’enlevais les courses futuristes pour ne me concentrer que sur une histoire en vase clos avec peu de personnages.
Dès lors, je proposais une histoire où Moé est un androïde féminin conçu pour satisfaire les plaisirs malsains de son propriétaire.
Dans mes très anciens travaux (datant du collège et du lycée…), le personnage principal était une cyborg, participant aux courses de « Rash Klinge »… une histoire tragique, puisqu’elle allait mourir.
Le récit se déroulait de la façon suivante : on assistait à une course de « Rash Klinge », tout en s’intéressant aux motivations des divers concurrents et surtout à celui de l’héroïne… On découvrait le pourquoi de ses modifications corporelles (simple « vide-couilles » pour parler le plus crûment et directement possible), sa fuite, sa fureur qu’elle extériorisait à travers ce sport et son envie d’être libre en remportant le prix qui permettait au vainqueur de voir réaliser l’un de ses rêves les plus fous.
Cette BD devait brasser des sujets scientifiques (le corps reconstruit, modifié, amélioré), mais aussi pourquoi des poupées à l’image de l’homme, des poupées de plaisir…
Moé devait être une BD sympathique, malgré des thèmes sensibles.
De mes vieilles histoires, je n’ai gardé que la vie de la poupée et sa mort. Le scénario en cours d’écriture a changé de direction à partir de la dixième page et a suivi mon évolution psychique (une grave dépression…) et au final, Moé a été accouchée dans la douleur. C’est la première fois que je souffrais autant en dessinant. De plus, j’étais en retard dans mon propre planning : je devais la terminer pour février 2006 ! Ce fut loin d’être le cas…
Graphiquement Moé porte de grands chapeaux ; cette idée provient d’illustrations que j’ai vues dans Animeland lorsque j’étais plus jeune, reproduisant des planches, des dessins extraits de The five star stories. Après avoir réalisé quelques croquis, mes camarades de classe m’ont dit que cela leur rappelait les icônes byzantines, ce que j’ai exploité dans le sens où il s’agit de la représentation de saints… des êtres purs, tels Moé et son amour.
Pour l’ambiance, je souhaitais tenter un univers steampunk, mais de ce côté-là, je ne pense pas avoir bien réussi. J’espère qu’on le comprend tout de même.
Les noms des personnages n’ont pas été choisis au hasard :
*Moé : dans un article dans Animeland traitant du phénomène « Moé », la passion qu’ont certains japonais pour des dessins, figurines…, représentant de frêles jeunes filles, des soubrettes… des poupées.
*Nathanael : dans une nouvelle d’Hoffman, le marchand de sable ; Nathanael est aussi un prénom biblique.
*Les deux scientifiques portent des noms qui ont réellement existé ; il s’agissait de deux inventeurs des automates à l’époque où il y avait encore des rois au pouvoir en France.
Que dire d’autre ? Bien sûr, en la relisant, je ne trouve pas cette BD parfaite. J’aurais souhaité développer davantage la psychologie des personnages, mais pour cela, il n’aurait fallu au moins le double de pages, ce qui n’était pas possible puisqu’il fallait réaliser un one-shot. Il reste toujours quelques problèmes au niveau du dessin, perspective, proportions… J’aurais aimé aussi pousser le tramage à mort jusqu’à obtenir des planches entièrement remplies de valeurs et mettant l’accent sur les volumes…
J’avais acheté le fanzine où se trouvait cette histoire.
C’est super d’en savoir plus !!