J’avais 13 ans : Tôkyô de rêve

Ce n’est pas la première fois que j’exprime mon amour pour le Japon, pays que je n’ai toujours pas hélas, visité. Pourtant, dès mon enfance, ce fut un véritable choc, un coup de foudre. Je m’étais déjà succinctement épanchés dans de modestes billets, dont le premier se trouve ici.

Hier, machinalement, en ouvrant un vieux dossier en plastique, je suis tombée sur une petite série de rédactions écrites durant les cours de français, de mon adolescence. Par quel mystère n’ont-elles pas été détruites ? Je ne serais le dire.

L’une d’entre elle – rédigée à l’âge de 13 ans- parle déjà de mon envie de partir là-bas, d’y être reconnue en tant qu’artiste (tant qu’à faire), en abandonnant tout.

J’ai corrigé certaines fautes (orthographe, ponctuation…), enlevé quelques répétitions, pour un ensemble à première vue naïf (la toute fin…), mais terriblement sincère dans le malaise sous-jacent ( la pluie qui ne termine pas et la solitude…). Des sujets récurrents, retrouvés dans diverses petites BD qui suivront des années plus tard, de véritables marottes.

Soyez indulgents !

Sujet :
Dans un cadre banal et triste, un personnage apparait qui va tout changer. Raconter au passé.

Photo de Navin Sigamany

Tôkyô de rêve

C’était un jour où il pleuvait. Un jour banal sans importance. À Tôkyô.
Natsumi regardait par la fenêtre la pluie qui tombait. Elle habitait dans un immeuble du quartier Ginza.
Au-dehors, les passants se hâtaient et les voitures les éclaboussaient. Natsumi était seule. Ses parents travaillaient. Son père était chauffeur de taxi et sa mère, hôtesse de l’air à la JAL — Japan airline-.
La pluie continuait à tomber.
Soudain, quelqu’un passa précipitamment dans la rue. Il s’engouffra dans l’immeuble où habitait Natsumi. Il prit l’ascenseur jusqu’au cinquième étage et là, sonna chez elle. Elle se leva lentement de la chaise et alla ouvrir. Le jeune homme se tenait dans l’encadrement de la porte.
Natsumi fut surprise. Elle ne le connaissait pas, ne l’avait jamais vu. Par politesse, elle le fit entrer et referma la porte à clef.
La pluie continuait de tomber.
« Salut, dit-elle avec une voix gaie.
– Salut.
– Je m’appelle Hiro Tsukino.
– Moi, c’est Natsumi Ooyama. »
Au-dehors, le tonnerre éclata.
« Tu es triste, n’est-ce pas ? lui demanda-t-il.
– Oui, c’est vrai.
– Alors, viens avec moi ! il lui tendit sa main.
– Où ça ? dit-elle craintivement.
– Tu verras ! »

Elle mit sa main dans celle de Hiro et ils disparurent de l’appartement. Ils réapparurent dans Tokyo, mais il ne pleuvait plus et les passants chantaient ou dansaient dans la rue. D’autres encore jouaient d’un instrument de musique. Certaines personnes faisaient des tours de magie dans la rue et des enfants attentifs les regardaient.

« C’est super, ici ! dit-elle joyeusement.
– Je savais que cela te plairait, répondit-il.
– On peut rester toute notre vie ? demanda-t-elle.
– Ooui, tu peux rester. C’est pour ça que je t’ai amené ici.
– Alors, je reste. »

Natsumi demeura dans ce monde de joie durant toute son existence. Elle se maria avec Hiro et devint une chanteuse de grande renommée nationale. Ses parents ne se souvenaient plus d’elle, elle avait disparu des mémoires en passant dans l’autre monde.
Ce monde s’appelait Mu World (« le monde du rêve » : mu, rêve en japonais (remarque de 2018 : ce qui est en parti faux, il s’agit de la prononciation ON, dérivée du chinois. « Yume » est le terme exact… XD) , et world, monde en anglais).







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