Histoire du manga, de Karyn Poupée
![]() |
Histoire du manga Auteur : POUPEE Karyn Éditeur : Tallandier Type: Guide/Essai Presque 400 pages pour brosser une histoire du manga [1] dans son pays d’origine, sans une seule iconographie, avec moult noms, il n’en fallait pas moins. Il n’est pas questions ici d’analyse d’œuvres, ni des styles graphiques, mais des naissances, des bourgeonnements des genres, des magazines, des auteurs, des méthodes de travail au travers du prisme des évolutions spectaculaires de la vie des insulaires. On comprend ici pourquoi tel ou tel manga, tel genre apparaissent à un moment donné et pas à un autre; comment ils évoluent et disparaissent ainsi que le poids non négligeable des enjeux financiers plus qu’artistiques.
|
Si Hokusai était très souvent cité comme l’un des précurseurs du manga moderne, ce livre casse les idées reçues dès les premières pages en indiquant d’une manière quasi exhaustive les courants artistiques, les journaux, les artistes qui ont apportés leur pierre à l’édifice.
L’étymologie du « manga » est ainsi disséquée. Celle-ci est passionnante et reflète la complexité de la société japonaise, des influences internes et externes (Chine, Europe…).
La manière dont le public fut segmenté en plusieurs cibles (hommes, femmes, enfants), puis fragmenté en de nombreuses niches est détaillée. L’évolution des journaux, des revues et des magazines quasiment listée.
Les chapitres sont denses, touffus, abondant. Ils débordent de noms, de lieux, de dates.
Mêler évolution du manga et société nippone est à la base une idée pertinente qui se révèle plus compliqué à la lecture. La faute à des tournures de phrases oscillant entre un vocabulaire un peu trop ardu et des expressions argotiques, le tout enrobé dans un style ampoulé. On y décèle aussi un mépris envers certaines personnes, jusqu’à ressentir des jugements condamnant sans appels certains physiques (une fille mignonne ne doit pas lire ni dessiner de Boys Love alors qu’un japonais moche est forcément un pervers otaku)…
Les différents sauts temporels au sein des parties sont parfois difficiles à suivre. Sauts en avant, en arrière se croisent, se démènent et nous perdent. Des pléthore de noms évoqués ne nous aident à savoir qui est qui, surtout lorsqu’ils sont effleurés. Dans ce cas, Internet est indispensable pour compléter les informations.
Une iconographie pour se faire une idée des différents styles aurait été la bienvenue et elle aurait plus percutante sur certains points. De mêmes que des notes en bas de pages pour indiquer les revues consultées, les musées, la provenance des divers chiffres citées. Bref, des sources fiables.
Malgré ses défauts, ce livre est un complément non négligeable pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du manga et à la société japonaise, l’un et l’autre étant étroitement imbriqués. Ce n’est pas le livre qu’il faut lire en premier, mais celui que l’on peut consulter après des ouvrages plus illustrés.
[1]La bande dessinée uniquement; il n’est pas question ni des animes, ni des cultures adjacentes.
Laissez un commentaire