Handicap, une autre vie ?

Le recueil Handicap, une autre vie, édité par le groupe Romans Francophones vient de sortir !

Il comporte plus de 300 pages pour 13 €, disponible chez Lulu.com, avec de très nombreuses nouvelles, dans tous les genres, et beaucoup d’auteurs dont : Akiko Murita, Gernier, KirikaFD, Charlie Audern, Harue-YA, Koiutame, moi-même et bien d’autres…

Et en cadeau, un extrait de ma nouvelle, L’explorateur :

« Sous mes doigts, la texture de sa peau est particulièrement douce. Je la sens palpiter, vibrer. Elle répond à chacun de mes mouvements. Sa chair se contracte, son duvet se redresse. Les caresses que je lui prodigue lui plaisent. Son haleine chaude humidifie mon cou, son souffle chatouille mes tympans.
Mes mains devinent la forme de son corps, courbes ponctuées des pointes saillantes de ces os.
Ce n’est pas la première fille que je touche, mais la première qui me fascine tant.
Un bouquet sucré, un peu acide l’habille. Elle ne met pas de parfum. Je n’aime pas les arômes artificiels qui se modifient au fil de la transpiration. Je préfère son odeur naturelle.
Ses cheveux courts s’échappent lorsque mes mains s’y promènent. Elle s’entortille dans les draps justes sortis du sèche-linge : des effluves synthétiques de sapin provenant de l’adoucissant nous picotent les narines.
C’est une femme-plante, une dryade. Une créature dont chaque veine apparait légèrement au-dessus de sa chair, telles des nervures sur les feuilles recouvertes d’une fine pilosité d’un géranium.
Mes mains se perdent sur la peau de ces cuisses. Je l’entends gémir discrètement, mon cœur palpite plus fort. À l’intérieur de moi, la mécanique s’affole. Le métronome organique qui oscillait si lentement quelques minutes auparavant n’est plus qu’un engin fou, lancé à pleine vitesse sur une autoroute flamboyante. Je pourrais m’écraser contre un mur de béton, éclater en morceaux si jamais elle se refusait à moi. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Elle m’a ouvert une voie dans laquelle je m’engouffre sans regarder en arrière. Je tournerai la tête qu’il n’y aurait qu’un ciel noir étendu à perte de vue. La lumière se trouve uniquement devant moi, près d’elle, contre elle, en elle. Je referme mes bras autour de sa fine taille. Son tour de cuisse est plus large que celui de ses seins. Certaines personnes moqueuses pourraient dire qu’elle est un garçon manqué, mais elles ne la connaissent pas comme moi. Elle est si sensible. Elle m’étreint de toutes ses forces, elle me retient, m’empêche de tomber dans le vide. Je m’accroche à elle comme à une aigrette de pissenlit qui m’emporte loin, dans des contrées inexplorées, interdites et colorées. Je me pose sur le sol le plus tendre, le plus douillet, irrigué de sève dans laquelle je plonge sans réfléchir. La dryade m’accueille dans sa chair fondante, ses cellules de lignine vibrent. »







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