Les 10 mangas qui m’ont le plus marqué 04

Gunnm – Yukito Kishiro – Éditions Glénat


Ce ne sera que le 3e manga publié dans les années 90 des éditions Glénat qui fait partie de cette liste ! À cette époque, le marché de la bande dessinée nippone était beaucoup moins vaste. Moins de titres, des tirages plus importants avec la chance de voir les livres atterrir dans les campagnes.

Gunnm, c’est un choc. L’ange de la mort, une créature qui m’a poursuivie dans des rêves fiévreux durant des années. Je l’ai tellement lu que les pages ont jauni aux endroits où je posais mes doigts. L’ensemble de l’œuvre entra en écho avec mes préoccupations adolescentes et aussi, me faire découvrir un autre monde, me conforter dans mon envie de me plonger dans la littérature de science-fiction (avec des titres poétiques comme Je chante le corps électrique, Les yeux de Oo…) et m’aidant même dans certaines décisions sur mon orientation, au sein de mes études. Car oui, la filière S (scientifique, en France), puis la fac de sciences physiques ont découlé de Gunnm. À défaut de devenir cyber-docteur comme Ido, le « père » de Gally, je pouvais tenter de m’en rapprocher. Mais voilà, je me trouvais coincée entre l’envie de poursuivre les sciences et de découvrir le monde de l’art, et bien d’autres choses (la difficulté de choisir…).

Au collège, j’ai dessiné, dessiné et redessiné les scènes d’actions, les multiples détails organiques mêlés à la mécanique. Le goût des chairs sacrifiées, modifiées, du bodyhorror s’est imprégné en moi. Tout ce qui touchait au cyborg me passionnait. Et plus loin : pantin, robot, marionnette, automates ont pénétrés mes questionnements. L’humain fabriqué, l’humain modifié, l’humain amélioré.

Les références philosophiques glissées par le mangaka ont su titiller ma curiosité. Le morbide avec. Un effroi total pour mes parents. Des hurlements, des cris et la promesse de bien travailler à l’école pour « continuer à lire des horreurs ». Je pense que ce manga, surement à cause des images (les livres de SF passaient plus inaperçus) a montré la fracture qu’il existe entre mes géniteurs et moi-même et le fait que même maintenant, nous ne parlons pas la même langue.

Gunnm fait partie des livres qui m’ont éduqué. Ils ont dialogué avec mon esprit, m’ont poussé dans des abîmes de réflexions parfois assez vertigineux, au risque de passer pour une originale auprès des autres. Heureusement que j’avais un livre (manga, roman, ou autre) sous le bras pour arpenter les couloirs des établissements scolaires….

Le graphisme de Yukito Kishiro, bien que très dans l’air du temps (de son époque), demeure très beau, recherché, d’un aspect plus « occidental » qu’ »oriental », loin des graphismes habituels que l’on impute au manga, même si Gally, l’héroïne, possède de si grands yeux de faon, suite à sa renaissance. Les décors sont superbes. Les ambiances angoissantes à souhait. Le manga propose plusieurs personnages aux trajectoires intéressantes, mais aussi pas mal de fous.

Et que dire d’Ido ? Ce personnage a figé mon amour pour les types avec les cheveux courts dressés, le menton long et surtout les petites lunettes ! En vrac : le docteur Egon Spengler ( SOS fantômes), Vash The stampede (Trigun), Xanders et Giles (Buffy)…

Gunnm représente tant que je devrais ne pas l’inclure dans cette série des 10 mangas qui m’ont le plus marqué, mais je craque. J’ai réalisé pas mal de fanarts au collège, des BD inspirés par le motorball, ce qui m’a permis de rebondir vers le film Roller Ball (bonus : Moé, une vieille BD avec… une jeune femme mécanique : ici !). Ah, et Ashman, étonnamment, je possède les deux éditons. Grâce à ce bouquin, je suis allée lire Franck Miller. Des philosophes aussi… brefs, pas mal de choses, en fait !

Je n’ai pas réinvesti dans les multiples rééditions : j’aime garde ma première tout usée, pleins de mes souvenirs. Last order, j’ai eu le malheur d’acheter la première parution, mais hormis quelques fulgurances, j’ai beaucoup moins accroché. Les histoires courtes sont dans ma bibliothèque. L’art book, Ars magna, est en ma possession, mais je préfère le travil à l’encre de l’auteur, plutôt que sa mise en couleur numérique. Quant à Mars Chronicles, je rechigne à me lancer dedans. Beaucoup de temps s’est écoulé entre la première apparition de Gally et cette dernière mouture. Je redoute la déception !

Je reste curieuse du film à venir…







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